Vieillir sans être vieux
Livre de Marie de Hennezel qui évoque avec délicatesse, une période de la vie difficile à vivre. Le jeunisme semble le leitmotiv de notre société laissant peu de place aux personnes agées... Je vous livre quelques extraits de ce livre, de nombreux témoignages y sont inclus.
Avant propos
Il n'y a pas plus vieux que de ne pas vouloir vieillir. C'est ce que fait ma génération. Notre monde nous renvoie une image désastreuse de la vieillesse. Nous avons peur de mal vieillir, de finir seuls, mal aimés, peut-être dépendants ou déments, dans des lieux sans vie, loin de tout.
Nous conjurons cette peur, au lieu de l'affronter, en nous accrochant à notre jeunesse, dans un déni un peu pathétique. Ce faisant, nous risquons de manquer ce que j'appelle ici <<le travail de vieillir>>, c'est à dire l'expérience d'une conscience heureuse du vieillissement.
Lorsque je me suis attelée à l'écriture de ce livre, j'ai éprouvé moi aussi un sentiment d'horreur à la lecture de certains documents ou l'écoute de certains témoignages malheureux. Mais d'autres m'ont convaincu que le pire n'est pas sûr. Les clés pour une vieillesse digne d'être vécue existent. C'est bien à notre génération qu'il appartient de les promouvoir. C'est à nous, les baby-boomers, qu'il revient d'inventer un nouvel art de vieillir, paradoxal, car il s'agit d'accepter de vieillir sans pour autant devenir <<vieux>>.
Comment devenir des porte-bonheur et non pas des poisons pour notre entourage ? Vous l'avez deviné, le fil rouge qui guidera notre exploration, c'est que quelque chose en nous ne vieillit pas. Je l'appellerai le coeur. Non pas l'organe, qui lui vieillit bien sûr, mais la capacité d'aimer et de désirer. Cette force inexplicable, incompréhensible, qui tient l'être humain en vie, et que Spinoza a baptisée <<conatus>>, l'intentionnalité vitale.
C'est le coeur qui peut nous aider à dépasser nos peurs et nous soutenir au milieu des pires épreuves.
Quelques extraits...
...On ne peut prétendre à une vieillesse sereine et lumineuse sans avoir fait le deuil de sa jeunesse
... j'ai vu de tels miracles opérés par Yvonne, Simone, les aides-soignantes de l'unité des soins palliatifs où je travaillais comme psychologue. J'ai vu des personnes qui n'étaient que des fantômes revenir à la vie. Cela suppose du coeur, bien sûr, mais aussi la capacité de trouver ce qu'on appelle la <<distance juste>>.
...Être humain ne prend pas plus de temps. Au contraire, on découvre qu'avec le même temps on fait la même chose mais mieux, lorsqu'on est bien présent à l'autre. Trop longtemps certains soignants se sont sentis mal jugés d'être tout simplement humains. Il se cachaient lorsqu'ils avaient un geste de tendresse.
...Je crois que nous mesurons mal tout ce que nous avons perdu avec les changements sociologiques des dernières décennies. Ces contacts entre grands-parents et petits enfants se faisaient naturellement du temps des familles élargies, vivant sous le même toit.
Faut-il être tombé bien bas sur l'échelle du cloisonnement des âges pour qu'il faille faire appel à une association pour établir des liens de coeur entre les générations !
Je ne peux que vivement recommander le livre de Marie de Hennezel, livre rempli d'humanité de bon sens et de sagesse. Livre destiné à tous, car les jeunes ne sont-ils pas des personnes agées en devenir...
La chaleur du coeur empêche nos coeurs de rouiller