Gustave Courbet
Artiste peintre français
Né le 10 juin 1819 à Ornans - Doubs (25)
Décédé le 31 décembre 1877 à La Tour-de Peilz - Suisse
- Jean Désiré Gustave Courbet a sa légende, dont il ne faut pas être qu'à moitié complice. Le réaliste, l'apôtre du laid, le tombeur de la colonne Vendôme ne sont qu'un des profiles d'une peinture aussi riche que contradictoire. "Sans idéal ni religion", proclamait-il, mais avant tout, peintre.
Au publicite Francis Way, il déclare : "je peins comme un Dieu", et cet orgueil, souvent moqué, manifeste dans son goût presque narcissique de l'autoportrait, est celui d'un homme à l'extraordinaire métier, dont les ambitions, mêmes confuses, sont toujours sauvées par la réussite picturale.
Atelier de Gustave Courbet
La part, chez Courbet, de l'atavisme familial et géographique est évidente. Le père, mi-hobereau, mi-paysan, un "culot", synoyme franc-comtois de "chimérique", le grand-père maternel, fidèle aux principes de 1789, la mère, prudente et avisée, expliquent beaucoup de la psychologie complexe du peintre. Quant à Ornans et à la vallée de la Loue, le peintre y trouvera une source continue d'inspiration.
Le chêne de Flagey
- "L'histoire de ce tableau est originale. Il fut vendu aux Etats-Unis, en 1898. Racheté par un collectionneur japonais en 1987, qui fit part de son intention de le revendre. Le Conseil général du Doubs, décida de se porter acquéreur. Le mécénat et les dons privés ont été complétés par des subventions du Conseil général, du Conseil régional, du ministère de la culture et des collectivités de la région. Depuis septembre 2012, le Chêne de Flagey a été classé comme "oeuvre d'intérêt patrimonial majeur" reconnu et protégé en tant que "trésor national". Il ne pourra plus sortir du territoir français"
Sa vocation s'affirme très tôt. Après des études quelconques au petit séminaire d'Ornans, puis à Besançon où il s'initie à la peinture et pratique la lithographie, il va à Paris, en 1840, pour faire son droit, en vérité pour peindre. Ses débuts sont obscurs; on sait qu'il fréquente plusieurs ateliers en élève libre. Mais, s'il échappe au cursus académique, on ne doit assurément pas sous-estimer la formation et la culture du jeune Courbet.
La femme au perroquet
Les oeuvres des années 1840-1848, que l'on peut qualifier par leur sujet (Guitarrero, 1845, collection privée) ou par leur manière (L'homme à la pipe, 1846, Musée de Montpellier) de romantique, surprennent par la qualité immédiate du métier, la complexité des influences : italiens, des Venise à Naples, espagnols, nordiques sont les modèles auxquels le peintre se réfère.
Courbet au chien noir
Dans Courbet au chien noir, 1842, petit palais/Paris, l'autorité de la mise en page, l'élégance du contour enfermant l'animal et son maître, la simplicité de l'effet clair-obscur, la clarté enfin du paysage sont d'un peintre svant qui rend autant d'hommages à Bellini, Titien et même Bronzino. Avec un arsenal narratif réduit à l'extrème, Les amants dans la campagne (versions au petit palais et à Lyon sont d'un lyrisme sans fadeur, immédiatement populaire.
L'homme à la pipe
Femme dormant sur son lit
En même temps, sous l'influence de Proudhon, comme poussé par sa propre réputation, Courbet se convainc qu'il est un peintre socialiste et se dit avoir participé à la rédaction du Principe de l'art et de sa destination sociale (1865), qui propose une nouvelle lecture de son oeuvre : ainsi la nudité déformée des Baigneuses, devient un avertissement des dangers de la vie paresseuse et débilitante de la bourgeoisie ; Les demoiselles des bords de Seine (Salon de 1857, Petit Palais) sont une image de l'univers triste du luxe.
L'Atelier du peintre, "allégorie réelle, intérieur de mon atelier, déterminant sept années de ma vie artistique" (exposition de 1885, Louvre) est une ambitieuse synthèse de l'idéologie de courbet. L'échec relatif vient de ce que la transcription symbolique reste confuse et que l'on est surtout sensible à des "morceaux", comme celui de la femme nue qui regarde Courbet peindre. Le retour de la conférence (Salon de 1863, détruit) lourde sortie, qui montre des curés en goguette après un bon dîner, est trop picaresque pour être réaliste : la volonté de satire empêche ici la réussite franche.
Les dormeuses
Paradoxalement, Courbet triomphe avec les tableaux sans "problèmes". La femme au perroquet (New york, Metropolitan Muséum) appelle pour Jules Antoine Castagnary la comparaison avec Titien, tandis que les troublantes Dormeuses (1866, Petit Palais) et L'origine du monde, savent séduire l'ambassadeur de Turquie Khalil Bey, acheteur du Bain turc d'Ingres. Le combat des cerfs, La remise des chevreuils (1861 et 1866, Louvre), l'Hallali du cerf (1867, Besançon) valent à courbet ses francs succès populaires. Il y montre tout son savoir de la nature et des animaux, confirmé par des séjours dans les forêts germaniques, avec une verve et une facilité quelquefois un peu lâchées.
Le peintre à succès mérite alors la légion d'honneur, que le socialiste olympien n'hésite pas à refuser. La guerre de 1870, les événements de la Commune vont bouleverser le cours de la vie de Courbet Président de la commission nommée par les artistes pour veiller à la conservation des musées et richesses d'art, il joue le rôle d'un directeur des beaux-arts. Il se signale avec la pétition du 14 septembre 1870 demandant le déboulonnage de la colonne Vendôme, "monument dénué de toute valeur artistique, tendant à perpétuer par son expression les idées de guerre et de conquêtes que réprouve le sentiment d'une nation républicaine" ; il est présent lorsqu'on abat la Colonne le 16 mai 1871. Après l'effondrement de la Commune, Courbet le "révolutionnaire" est arrêté et traduit en conseil de guerre. Condamné à six mois de prison, il purge sa peine à Sainte-Pélagie.
Nature morte
Là, le peintre donne certains de ses tableaux les plus savoureux de texture, en particulier une série de natures mortes aux fruits, ou peint de mémoire marines et paysages avec un dépouillement et un amour qui émeuvent. La suite de sa vie est marquée par le souci de ses dettes ; on le refuse au salon de mai 1873 ; lorsque l'Assemblée adopte le projet de reconstruction de la colonne Vendôme et que Courbet est rendu solidaire des frais, il doit s'exiler en Suisse. La vente judiciare l'accable, et il meurt le 31 décembre. " Ne le plaignons pas, il a traversé les grands courants, il a entendu battre comme des coups de canon le coeur d'un peuple et il a fini en pleine nature, aux milieu des arbres", dira en guise d'oraison funèbre cet autre réfractaire que fut Jules Vallès.
Tombe de Gustave Courbet
Gustave Courbet décéda le 31/12/1877, à La-Tour-de-Peilz (Suisse). Sa dépouille fut transféré à Ornans en 1919. Par solidarité avec ses compatriotes exilés de la Commune de Paris. Il refusa de retourner en France, avant une armistice générale.
Adresse du Musée Gustave Courbet:
Place Robert Fernier
25290 Ornans
Tel pour renseignements : 08.99.02.14.34
Tel Musée : 03.81.62.49.58
Site internet