Sur levieux banc de pierre où tu voulus t'asseoir,
Tu respires le calme et la frîcheur du soir,
Dans le parc baigné de tiédeurs printanières.
Tes yeux rêvent mi-clos sous le poids de tes paupières.
Ta chevelure lourde où s'amasse la nuit
Sur ta nuque retombe en flocons, l'heure fuit.
Et tu demeures là, de voile vêtue,
Pâle dans l'attitude d'une statue
Et parmi la douceur du soir et du printemps,
Ta svelte silhouette en ses voiles flottants
Se découpe en relief sur fond noir des branches.
Des lueurs par endroit rôdent, vagues et blanches.
Et j'ignore, si c'est dans le parc obscurci,
Cette éparse clarté qui illumine ou si,
Les furtives blancheurs tremblant dans les feuillages,
C'est toi-même qui, lumineuse les dégage
O nuits, où le silence, il semble, est musical !
Je songe et mon esprit s'ouvre au monde idéal.
Une rumeur parmi les ramures confuses
Révèle la présence invisible des Muses.
Et j'oublie à tel point l'heure et le lieu, charmé
Par toute les senteurs de cette nuit de mai,
Que lorsque, l'air du soir fraîchissant, tu te lèves,
Je crois prendre vie au plus doux de mes rêves.
André Dumas